De la carretera australe à l’île de Chiloé

Après la pluie, le beau temps ! Nous avons connu les inondations dans le désert argentin mais un temps splendide dans une des régions les plus humides du Chili : le centre de la Carretera australe et Chiloé.

Après nos tracas sur la route 40, nous avons beaucoup hésité à nous engager sur la carretera australe chilienne : nous rêvions de chaleur et de soleil, nous avions une petite appréhension à reprendre le ripio dans la boue. La route 40, côté argentin, pouvait nous offrir de la rapidité pour gagner la région des lacs, plus chaude, mais elle s’annonçait aussi plus monotone. Comme nous avions aussi grand besoin d’arbres et de verts pâturages, nous avons quand même opté pour le Chili et nous ne l’avons pas regretté !

Après la ville de Perito Moreno, nous avons pris une centaine de kilomètres de ripio, pour accéder à la frontière au Nord du Lago Argentino. Les paysages ont changé à mesure que l’on a commencé à s’approcher de la Cordillère. Nous avons passé la frontière pour la sixième fois avec toujours le même accueil chaleureux par les douaniers chiliens : déclaration des fruits et légumes (maintenant, on fait toujours un repas spécial “entrée au Chili” avec tous les restes à bannir avant de passer la frontière), fouille du véhicule, interrogatoire (“vous avez 10 pages de tampons Chili-Argentine sur votre passeport, vous comptez partir un jour du pays ou vous allez faire ça pendant longtemps ?” / “Ben oui, vous avez déjà regardé une carte de la région entre deux matchs de foot parce qu’à moins de voyager en ULM, je ne vois pas comment éviter les allers-retours entre les deux pays ?”, bon ça c’est la réponse qu’on aimerait faire, la vraie réponse c’est plutôt “oui, le 2 août…” parce que le policier chilien n’a pas vraiment un faciès à blagues…), remise de 3 papiers à remplir, passage du chien renifleur au cas où les enfants auraient caché du cannabis (ou pire une poire ou une brindille !) dans leurs doudous, et entrée !
J’imagine que l’entrée sur le territoire français ne doit pas être bien plus friendly, surtout en ce moment, mais pour des petits Blancs propres sur eux, presque nés sous Schengen, c’est quand même assez désagréable d’arriver dans un pays dans ces conditions.

Qu’à cela ne tienne, le soleil, l’herbe, les montagnes, les arbres, font vite oublier la frontière. A Coyhaique, nous avons revu, au détour d’une rue, une famille de voyageurs français. Matthieu, Séverine et leurs deux garçons commencent un voyage de 3 ans sur les routes du monde à bord de leur camping-car. Nous avons fait un traditionnel apéro-jeux pour enfants sous le soleil.

Nous avons ensuite pris la Carretera australe, route mythique, construite sous Pinochet pour relier le Sud au reste du pays et servir de vitrine glorieuse au régime. Elle fait l’objet de grands travaux d’asphaltage aujourd’hui si bien que dans deux ou trois ans c’est une région qui va sans doute devenir de plus en plus touristique. Elle est déjà presque saturée en autostoppeurs et en vélos. La pluviométrie est très élevée ici et la végétation s’en ressent : immenses fougères, fleurs à colibris, lianes, arbres tout droit sortis des forêts tropicales côtoient glaciers, torrents, lacs de montagne, volcans et coulées de lave. On a l’impression que le Big Bang a eu lieu la semaine dernière. On est tombés sous le charme de cette région luxuriante. Bien entendu, avec 15°C de plus, ce serait encore mieux, vivement l’accélération du réchauffement climatique…

Pour l’heure, nous avons profité des glaciers qui résistent encore. Nous avons fait une très belle randonnée jusqu’au Ventisquero Colgante et à cette occasion notre marcheuse de l’extrême a battu son nouveau record du haut de son mètre dix : 3h30 de rando, 9 km et 700m de dénivelé dans la boue avec passages de gués. Nous nous sommes engagés dans le sentier en pensant qu’il était plus facile et au bout d’1h30 de montée assez exigeante, nous nous sommes dit qu’il était plus raisonnable de faire demi-tour. C’était sans compter la détermination d’Apolline “moi, je veux aller voir le glacier”. Très bien, nous sommes donc allés jusqu’au glacier dans un décor magnifique et sous les applaudissements d’un groupe de randonneurs chiliens surpris de voir là une aussi petite fille (Célestin, pacha, était quant à lui sur son vaillant sherpa).


C’est à Chaiten, petit port tranquille englouti sous les cendres du volcan qui le surplombe il y a quelques années, que nous avons pris le bateau pour le Sud de l’île de Chiloé.


Nous avons fait un séjour de 4 journées radieuses et très agréables sur l’île. Nous l’avons traversée du Sud au Nord en passant par la côte pacifique à Cucao, les maisons sur pilotis (palafitos) de Castro, les églises en bois classées à l’UNESCO, les plages face aux sommets de la Cordillère et un restaurant de la spécialité locale : le curanto al hoyo, sorte de bouillabaisse pour carnivores cuite dans un trou recouvert de feuilles de palmiers, rico (dans tous les sens du terme).

Les paysages chilotes ne sont pas aussi originaux et inoubliables que ceux de la Carretera mais l’ambiance est différente et l’insularité palpable. On a discuté avec des chilotes qui nous en ont appris plus sur les traditions polynésiennes de l’île et sa mythologie très vivace encore aujourd’hui. Des vaches, des collines, des prés, de petits lacs, des bosquets, on se serait parfois crus dans le Beaujolais, surtout dans la partie centrale.

Durant ces deux semaines, nous avons croisé et recroisé par hasard Marie-Anne et Bruno (déjà rencontrés en Argentine), un couple de jeunes retraités français qui voyagent pendant deux ans le long de la Panaméricaine avec leur camping-car. Nos véhicules étaient comme aimantés, dans les endroits les plus reculés, nous nous sommes retrouvés capot à capot.

Bison, panneaux solaires dopés à la vitamine D, est enfin monté sur le bac, à la pointe Nord de l’île, en direction de Puerto Montt, porte de la région des lacs et de l’Araucanie en pays mapuche.

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8 réponses à De la carretera australe à l’île de Chiloé

  1. Arthur dit :

    Quelle belle inv(c)itation à visiter cette région du Chili….Les photos sont magnifiques et changent complètement de ce que vous avez vu jusqu’à présent. Félicitez Apo pour son courage à randonner, il aurait été dommage de rater le spectacle de ce superbe glacier et de la cascade.

  2. Matou dit :

    ALERTE graminées!!!! Reste au Chili!!!!! 😀

  3. jean marc dit :

    superbes paysages
    merci

  4. Monique dit :

    Hola Amélie y familia,
    Es un placer leerte y descubrir los paisajes variados, inmensos y fabulosos. Los colores son muy bonitos entre el verde de la vegetación, el azul del agua, el rojo de la tierra, el amarillo de una iglesia (que parce surgir del suelo) o los del cementerio (colores “vivos” para “muertos” igual que las tumbas mayas) y son como un arco iris de calor y de alegría que os acompaña por el camino. Tus artículos nos invitan a soñar y las fotos y el vídeo nos hacen mucha ilusión ya que nos permiten compartir con vosotros este viaje. Estoy esperando el próximo mensaje. Hasta luego. Besos de Monique.

  5. Aline dit :

    Bravo pour cette ascension et la récompense était au bout, des souvenirs plein les yeux pour vous tous, et surtout pour la mini-héroïne du dénivellé ! Sûr que des images comme celle-ci vont rester gravées pour longtemps.
    Photos magnifiques encore une fois, merci aux photo-reporters et bises à tous.

  6. Sophie. M dit :

    Bon je me rends compte que l anniversairede Célestin c est aujourd hui. Au final moi. qui croyait être en retard j étais en avance. Bon anniversaire Célestin🎂🎁.
    Bravo pour les photos et la vidéo. Soph.

  7. maucourant dit :

    c vraiment superbe!!!!
    je vous ai envoyé un mail hier je revis en ce moment même nos aventures en Patagonie! Qu’est ce qu’il a plus quand même!!!! mais c top! mille biz a vous!!!

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