Sur les pas des dinosaures dans la vallée de Cochabamba

Petit hameau entre Cochabamba et Oruro, contreforts de l’altiplano au centre de la Bolivie, dans lequel nous avons décidé de passer la nuit pour ne pas remonter trop rapidement en altitude. Bison, sur un terrain mi-foot mi-vague, au milieu des maisons en pisé, des moutons, des poules, à côté du lavoir, porte ouverte. Chacun vaque à ses occupations depuis deux bonnes heures. Soudain, deux jeunes femmes quechua avec une ribambelles d’enfants approchent.
“Buenas tardes, ustedes saccan ? (littéralement, vous arrachez/tirez/sortez ?)
– Buenas tardes, …. ???? Interrogative, je me demande si elles veulent que je les prenne en photo (ce qui est très surprenant ici car les gens fuient en général l’appareil photo), ou si c’est une expression pour nous dire de partir, bien qu’elles aient le sourire aux lèvres. Elles regardent vaguement à l’intérieur de Bison.
– Ustedes saccan ? Elles reposent la question en me disant qu’elles ont été envoyées par les autres. Puis elles me montrent leurs dents.
Et là tout s’éclaire : elles me demandent si je suis une arracheuse de dents ! Il est vrai que depuis le milieu d’après-midi on ne passe pas inaperçus et on sent que peu de gringos doivent s’arrêter, il faut dire qu’il n’y a pas grand chose à faire ici. Les gens du cru ont donc pris Bison pour le camion-dentiste ! Pas mal, c’est une première pour nous et bien que tentés une seconde par l’idée d’une nouvelle carrière professionnelle assez pittoresque, on est quand même obligés de leur dire la vérité : nous ne sommes que des touristes français… Déçue et rassurée à la fois (le dentiste à domicile c’est un peu le pire scénario de cauchemar…), toute la petite troupe repart dans un grand flot de couleurs. Voilà ce qui fut le point final de notre grande semaine passée dans la vallée fertile de Cochabamba.

Vendeuses de pop corn portant la tenue traditionnelle quechua : chapeau de paille plat, jupe plissée, deux longues tresses, tissu de portage aux couleurs vives.

Grains de maïs séchant au soleil

Après avoir laissé Sucre et nos deux autostoppeurs français (qui nous ont offert une soirée de baby-sitting pour nous remercier, le luxe absolu !), nous avons en effet pris la direction de Cochabamba. La route passe à travers des vallées à la végétation presque tropicale. Soirée au coin du feu avec des voyageurs allemands pour qu’Etienne puisse se sentir un peu à la maison (oui c’est fou le nombre de voyageurs européens qu’il y a ici), beau bivouac dans un petit village au milieu des champs de maïs et des vaches ; nous avons rejoint lentement les environs de la troisième ville du pays. La vallée fertile de Cochabamba située entre 2500m et 2700m d’altitude fait la transition entre l’altiplano et les forêts tropicales, elle est réputée pour sa douceur de vivre et ses cultures maraîchères.

Papayes

Le maïs sèche en hauteur, sur les arbres !

Une longue (très longue mais très belle) route pavée nous a menés jusqu’au parc national Torotoro, terre de dinosaures. Nous y avons passé trois jours. Ce petit village isolé s’est ouvert au tourisme depuis une vingtaine d’années. On est encore loin du tourisme de masse d’Uyuni mais de nombreux voyageurs font le trajet jusqu’ici pour découvrir les surprises géologiques de la région, recouverte par un grand lac qui s’est asséché il y a plusieurs millions d’années : traces de dinosaures qui semblent dater de la veille au soir, fossiles en tous genres, canyon vertigineux, collines découpées au rasoir. On était très contents de remettre nos chaussures de randonnée qui s’ennuyaient un peu au fond de leur placard depuis quelques semaines. Les sentiers de découverte ne se pratiquent qu’avec un guide et souvent en petit groupe pour réduire les frais : on est tombés sur deux groupes très sympas, l’un de Boliviens expatriés et l’autre de backpackers francophones. Nous avons d’ailleurs fait le voyage de retour jusqu’à Cochabamba avec deux d’entre eux : Ariane et Jean-Philippe, deux voyageurs au long cours québécois.

Canyon de 500m de profondeur en moyenne

Fossile de tortues

A Cochabamba, nous avons retrouvé les Boliviens rencontrés à Torotoro : Marcia, qui vit depuis trente ans à Washington, sa soeur Maria, qui habite à Sao Paulo et leur frère Felix. Nous sommes restés trois jours dans la cour de Felix, sa femme Nancy et leurs trois garçons de 24 à 2 ans, à Tiquipaya, au Nord de Cochabamba et nous avons été reçus comme des rois ! C’est comme ça que tu te retrouves, de manière tout à fait improbable, à 23h un samedi soir dans une maison funéraire (celle de la soeur aînée car ils mettaient un point d’honneur à ce qu’on fasse le tour de la famille), à manger des empanadas au milieu des cercueils chromés et des crucifix dorés, tes enfants coiffés d’une couronne de papier dysney, des ballons de baudruche “feliz cumpleanos” à la main, à parler de tout et de rien : un air d’accordéon en plus et on se croirait sortis d’un film d’Emir Kusturica…

Le dimanche après-midi, nous avons assisté au concert du groupe de musique de Félix et de son fils “A Band Amor Amor”, dans un entrepôt bar-restaurant, au milieu des tablées de familles regroupées autour du seau de Chicha, l’alcool de maïs local, et des plats de “piques” (frites + saucisses + sauces + crudités), dans une ambiance sonore à faire perdre 20 ans de vie à tes tympans mais surtout dans la bonne humeur ! Qui a dit que les Boliviens de l’altiplano étaient froids ?

Bientôt des nouvelles du Nord : La Paz et le lac Titicaca !

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2 réponses à Sur les pas des dinosaures dans la vallée de Cochabamba

  1. jean marc dit :

    dans les pas des dinosaures, toute une histoire!!! ça doit être fantastique

  2. Holà !
    Merci bien pour ces belles images. On hésitait à visiter ce parc, mais il à l’air vraiment magnifique.
    J’espère que la suite de votre voyage se passe bien 🙂
    Bonne route !

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