Budget, école, communication

Faire l’école ?

Notre fille a passé un trimestre en Moyenne Section avant de partir. Sa maîtresse a tout de suite été très enthousiaste à l’idée de créer un lien à distance avec la classe, autour de notre voyage. Cela a été très précieux pour nous, Apolline a beaucoup aimé faire des petites vidéos, des photos pour ses camarades, et recevoir leurs travaux, leurs petits mots. Nous avons pris avec nous Jules, l’ourson de l’école, afin de matérialiser ce lien. A chaque visite un peu emblématique, nous avons fait des seflies de Jules pour les envoyer à la classe. Je pense qu’établir un lien avec l’établissement de son enfant est une bonne manière de structurer l’année et de faciliter le retour.

Nous n’avons pas « fait l’école » en voyage à proprement parler. Un peu par fainéantise, il faut bien l’avouer, et en vérifiant l’adage selon lequel les enfants du cordonnier sont les plus mal chaussés… Mais aussi parce qu’on considérait que le voyage est une école en soi. Notre tradition scolaire a toujours favorisé certains types d’intelligences au détriment d’autres. Le voyage offre l’occasion de travailler d’autres « compétences » (puisqu’il faut parler comme un DRH du CAC40) que celles de l’institution et qui sont tout aussi importantes. C’est un immense réservoir de découvertes (linguistiques, culturelles, scientifiques, naturelles, culinaires, historiques, géographiques, etc).

La France est un des rares pays à autoriser l’école en famille. C’est une chance quand on veut voyager. Pour autant, la scolarité représente LE point d’achoppement de la grande majorité des familles voyageuses que l’on a rencontrées. Beaucoup de parents étaient en effet un peu démunis : le stress induit par les devoirs à rendre au Cned ou au contraire par le manque de support, difficultés de s’improviser enseignant et surtout auprès de son enfant (même pour ceux dont c’est le métier…), manque de motivation lorsqu’il faut se mettre autour de la table pour s’atteler à Pythagore quand des randos magnifiques vous attendent, stress indirect (et inconscient) dû à l’injonction de performance de notre société dans le domaine scolaire, etc. Tous étaient d’accord pour dire que la régularité et la sérénité facilitaient grandement les situations d’apprentissage. C’est un domaine auquel il faut réfléchir en amont du voyage au long cours je pense, pour trouver une voie qui convienne à tous.

Notre fille a eu l’occasion de s’immerger dans une classe de maternelle en Argentine pendant une journée, c’était une belle expérience.

Pour partager le voyage, blog ou cartes postales ?

Nous nous sommes posé la question de faire un blog assez vite dans la genèse du voyage. Nous ne sommes pas vraiment adeptes de la mythification du moi des réseaux sociaux, que nous n’utilisons pas, et avons toujours donné des nouvelles de voyage à notre retour.

Cette fois-ci, nous avons cependant décidé de créer notre blog parce que c’était important pour nous de partager notre expérience avec nos proches et avec tous les curieux de passage, de participer à l’échange de témoignages et de bons plans entre familles voyageuses car nous avons consulté de nombreux blogs pour construire notre projet, de tisser un lien filé avec l’école d’Apolline. Nous avons opté pour la simplicité et avons tout fait maison, avec nos minces compétences dans le domaine.

Nous avons eu beaucoup de plaisir à remplir notre blog tout au long du voyage, nous nous sommes pris au jeu de la rédaction d’articles, du choix des photos, nous avons lu les commentaires avec joie. En voyage, on est quand même un peu égocentré. Le blog nous a permis de dépasser cela en inscrivant ce que l’on était en train de vivre dans un partage plus large. Concrètement, nous y avons consacré entre une et deux heures par semaine. A l’heure actuelle, nous ne savons pas quel sera l’avenir de ce blog, tout dépendra de nos futurs projets.

Je casse tout de suite ma tirelire cochon rose ? Quel budget ?

Bon, alors là ce n’est pas notre domaine d’excellence. Nous avons croisé des familles qui notaient la moindre petite dépense, café après péage. Nous, on ne sait pas faire. On a fait le choix de la fiabilité du véhicule, ce qui a un coût, et qui a pris la majorité du budget, mais on ne regrette pas. On a donc fait au minimum pendant sept mois : l’essence (90 centimes en moyenne sur tous les pays, chère en Argentine, très bon marché après négociation en Bolivie), la nourriture (préparée presque uniquement chez nous), les entrées des parcs nationaux (les enfants ne payaient jamais), les sites culturels, les laveries. Nous avons fait un restaurant par pays et dormi seulement cinq nuits en camping. Et malgré tout, on a dépensé plus que prévu. On a été très surpris par le coût de la vie en Argentine, plus élevé qu’en France. Le Chili, et dans une moindre mesure le Pérou, ne sont pas très bon marché non plus. Il n’y a que la Bolivie qui offre un peu de répit dans les dépenses. Les temps de récupération et de dépôt du véhicule ont un coût à ne pas négliger également car ils induisent des locations (hôtel, air Bnb) durant plusieurs jours car les bateaux ont souvent des retards.

Nous avons rencontré des voyageurs avec des situations professionnelles, et donc des budgets, très variables. Tous avaient fait des choix : certains ont adopté le voyage comme mode de vie en faisant des petits boulots de temps en temps pour renflouer les caisses, d’autres ont mis de côté pendant de longues années pour leur projet ou ont vendu leur maison. Ils ont choisi leurs rêves, leur soif de découvertes et de simplicité à vivre en famille, ce qui a un prix. C’est sûr que cela a quelque chose de bien peu raisonnable dans notre monde où il faut « mettre de côté », « placer », « investir dans l’immobilier », « être propriétaire », « consommer ». Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est de la sobriété heureuse car on roule quand même au diesel en mangeant des OGM, sans rien produire. Mais en tout cas c’est une façon intéressante de questionner son rapport à l’argent, quand on a la chance de ne pas se mettre en péril non plus au retour. On a pris moins de risques que beaucoup d’autres (notre travail nous attend au retour et nous sommes partis moins longtemps que la plupart des familles) et on est plein d’admiration pour ceux qui mettent tout en œuvre pour vivre pleinement leur « bifurcation biographique » comme disent les sociologues.