Quand et où mettre les voiles ?

Quel est le meilleur moment pour partir ?

A mon avis : jamais ! Comme tous les grands engagements de la vie (avoir un enfant, changer de travail, déménager, etc), il y a toujours des objections rationnelles (tout à fait recevables d’ailleurs) qui nous empêchent de passer du rêve à sa concrétisation. Certains attendent d’avoir des enfants assez grands pour se forger des souvenirs, d’autres le déclic d’un changement de situation professionnelle ou le début de la retraite : chacun sa temporalité.

Pour notre part, on était fraîchement entrés dans la trentaine, on avait un peu d’argent de côté, une situation personnelle qui le permettait, une famille en construction : on a senti que c’était le bon moment, à tout le moins « un » bon moment. Ce fut une décision mûrement réfléchie. Après avoir accueilli le milliard et demi de questions qui ont traversé notre cortex cérébral, on a plongé (un peu) dans le vide parce que sinon on attend indéfiniment le wagon suivant et on voit la fin du train arriver sans avoir eu le temps de monter.

Comment choisir sa destination ?

Au stade embryonnaire de notre voyage, nous avons hésité entre l’Asie du Sud-Est et l’Amérique du Sud. Pour des raisons climatiques et linguistiques, nous avons choisi l’Amérique du Sud et ne l’avons pas regretté un seul instant. Entre temps de toute façon, la Thaïlande a fermé ses frontières aux camping-cars, ce qui rend difficile la traversée de la zone désormais.

Ce n’est pas pour rien si la plupart des familles en voyage au long cours élisent le Sud des Amériques. C’est une destination de choix avec des enfants à mon avis. Les distances sont gigantesques, les transports en commun sont chers, surtout en Argentine et dans une moindre mesure au Chili, il est donc tout à fait adapté de voyager avec son propre véhicule. Les enfants sont très bien accueillis partout. Il y a des animaux à découvrir, des paysages splendides, on n’a pas peur de gêner ses voisins de bivouac, on trouve des randos adaptées à tous niveaux. On remplit eau, gaz, essence, toujours très facilement et on dort où l’on veut. Certains voyageurs, surtout ceux qui font un « tour du monde » et qui arrivent d’Asie, sont parfois un peu déçus par le côté très européen de l’Argentine et du Chili. Nous, on s’y attendait et ça n’a pas été un obstacle pour nous, même s’il est vrai qu’on était contents d’avoir un peu plus de dépaysement culturel en arrivant dans les campagnes boliviennes.

Nous avons également choisi l’Amérique du Sud pour la langue. L’espagnol (parlé partout sauf dans les campagnes boliviennes et péruviennes reculées où l’on parle uniquement le quechua ou l’aymara) est une langue facile à apprendre pour nous Français. En quelques mois, sans avoir jamais pratiqué auparavant, Etienne est parti du continent sud-américain en comprenant la presque totalité des conversations et en se faisant comprendre partout. Moi, j’avais un niveau correct avant de partir, j’ai regardé quelques films pour me familiariser un peu avec les accents. C’était important pour nous de voyager dans un pays où l’on pouvait être invité et tenir une conversation avec les gens. Très souvent, on a croisé des personnes qui étaient très contentes de voir qu’on faisait des efforts pour parler leur langue en voyage. D’un point de vue pratique et financier, on a eu également de nombreuses réductions grâce au fait de parler espagnol.

Quel parcours ?

« Caminante, no hay camino. Al andar se hace camino » Antonio Machado (Toi qui marches, sache qu’il n’existe pas de chemin. Le chemin se fait en marchant.)

Avant de partir, on nous demandait souvent quel serait notre parcours, ce à quoi on répondait par une moue dubitative. On avait un continent, des idées de pays à découvrir, des cartes, des routes mythiques en tête, des guides touristiques et c’était bien suffisant. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous projeter dans la préparation du voyage en tant que telle, accaparés que nous étions par l’aménagement du véhicule. Nous ne voulions pas baliser notre voyage non plus, pour rester disponibles et souples. Nous ne voulions pas « cocher » des lieux déjà étudiés, vus en photos, circonscrits. L’idée était de se laisser aller à une douce perte de contrôle. Bon, ceci étant, en Argentine tu as deux routes goudronnées qui traversent le pays du Nord au Sud et du Sud au Nord, au Chili, ma foi, à part le zigzag, il y a quand même peu de possibilités d’échapper à la rectiligne. Le tracé s’est donc fait naturellement, au gré des envies et des aléas climatiques, des rencontres et des idées glanées çà et là, des suggestions des guides de voyage et de l’avancée de la voirie.

Et si c’était à refaire ?

· On referait la même chose, sans doute, en allant peut-être un peu plus vite le long de la côte Atlantique en Argentine pour passer plus de temps au Pérou.

· On essayerait d’aller jusqu’à la péninsule Valdès avant le départ des baleines.

· On réfléchirait à la possibilité de déposer le camion sur le bateau depuis Carthagène en Colombie pour éviter la boucle et les trop longs kilomètres des deux dernières semaines.

· On se renseignerait un peu plus sur les températures saisonnières et la météo pour avoir plus chaud !

· On partirait un an…

Pour les détails sur notre parcours, c’est ici.