Du plat et des champs de colzas : le centre de la Hongrie ressemble à s’y méprendre au Nord de la Serbie. Nous traversons le pays pour rejoindre Budapest. La chaleur et l’horizontalité nous ont fait renoncer à passer plus de temps ailleurs. Sur les hauteurs de Buda, dans un beau parc, nous retrouvons Apolline et les grands-parents maternels qui ont traversé une partie de l’Europe pour nous rejoindre. Nous partons à la découverte de la ville ensemble, armés d’une bonne glace. On était un peu préparés par la Serbie, mais on a l’impression d’arriver dans un tout autre monde, plus propre, plus riche, plus européen en fait. Il y a beaucoup de touristes, de tous âges, notamment des jeunes car la capitale hongroise est réputée pour sa vie nocturne. On se contentera de la diurne.
Nous passons ensuite de Hongrie en Slovaquie et d’été en plein hiver. Au Nord de Budapest, on commence à s’extraire de la 2D et à apercevoir quelques reliefs. On traverse la frontière slovaque l’air de rien. On avait presque oublié Schengen à force. C’est en convoi que l’on aborde l’ouest du pays, avec de jolies petites villes assoupies et des villages organisés autour d’une église en bois, au milieu d’un décor champêtre de collines et de forêts, un peu comme sur une planche de Sylvain et Sylvette. L’église en bois de Hronsek qui peut accueillir 1100 fidèles et a été construite sans élément métallique, est particulièrement belle. Au passage, on perd 20°C et on exhume manteaux et bonnets.
Le Sud-Est de la Slovaquie, vers la frontière hongroise est réputé pour son modelé karstique – le terme vient même de là – et ses grottes. On plonge dans les entrailles de celle de Domica, l’une des plus grandes d’Europe.
Nous allons ensuite plein Nord, vers les Tatras, aux confins des Carpates. C’est là que notre petite troupe s’élargit encore pour accueillir Cécile, la sœur ainée d’Etienne, Benoît et les cousines. Ils ont emprunté un fourgon pour faire un road trip express en Europe centrale et passer quelques jours avec nous. Les retrouvailles sont joyeuses et l’ensemble prend des allures de classe verte. On se balade, on visite le château (enfin les ruines sur une colline dans une ambiance écossaise) de Spis, on fête mon anniversaire, on boit des cafés, on fait des jeux de société, on visite le joli centre de Levoca. On est heureux de retrouver des chemins de rando qui ne se perdent pas dans les broussailles et de la nature préservée, sans détritus. La météo est néanmoins glaciale. La classe verte devient rapidement classe de neige. De gros flocons viennent recouvrir les prairies, nous faisons renoncer à randonner dans les Tatras. On opte pour des activités plus adaptées : resto traditionnel slovaque et thermes. Il y a de nombreuses sources d’eau chaude dans les montagnes slovaques et des centres thermaux ont été construits pour les mettre en valeur. Il semblerait que ce soit la sortie à faire en ce froid samedi. Des bassins extérieurs couleur rouille, une douce vapeur s’élève. Les gens discutent en cuisant dans une eau à 30°C, 36°C ou 38°C. On se fond dans la masse – enfin à peu près parce qu’on détonne un peu quand même au milieu des carrures slovaques – et on fait de même, on se laisse aller à papoter en chaud-froid.
On salue les cousines, oncle et tante qui regagnent leurs pénates en passant par Prague, on les remercie chaudement d’avoir partagé les jours les plus froids de notre voyage avec nous et on profite d’une brève éclaircie pour aller quand même dans les contreforts des Tatras enneigées, domaine des ours. Elles nous mènent à la frontière polonaise. A suivre.