Chez les crétois

Nous venons de passer deux semaines chez nos illustres homonymes, sur l’extrémité méridionale de l’Europe (officiellement, c’est l’île de Gavdos, à une quarantaine de kilomètres au sud de la Crète qui est la terre la plus au Sud d’Europe).

Nous n’avions pas prévu d’aller en Crète au départ mais c’est une conversation avec la grand-mère d’Etienne nous disant qu’on ne pouvait pas être aussi proches des vestiges de la civilisation minoenne sans aller y faire un tour que nous avons changé d’avis et sauté dans un bateau en direction d’Heraklion (enfin presque puisque le premier bateau, à la pointe du Péloponnèse, était hors service). Et nous ne l’avons pas regretté. Clairement, nous aurions difficilement pu apprécier la Crète en haute saison je pense car on sent tout le potentiel des littoraux tournés vers le tourisme balnéaire de masse. En revanche, contrairement à la région des Pouilles en Italie, la Crète n’est pas vide hors saison, elle est bien vivante et semble avoir gardé son identité malgré tout.

Une fois Bison débarqué du ferry, au petit matin, nous sommes entrés dans le Musée archéologique d’Heraklion. Bon ok, après une petite nuit dans le bateau c’est une entrée en matière un peu abrupte mais cela nous a permis d’apprécier davantage les sites visités ensuite et de voir en chaque crétois croisé le descendant de ses brillants aïeux. La collection du musée est vraiment incroyable, j’avoue que j’ai même eu un petit syndrome de Stendhal devant tous ces objets aussi fins, singuliers par rapport aux civilisations ultérieures et qui ont traversé les âges jusqu’à nous. Le reste de l’équipage a beaucoup apprécié également. La civilisation minoenne (d’après le roi légendaire Minos, celui du Minotaure, Ariane, le labyrinthe, Thésée, Icare et tutti quanti) a connu son apogée au deuxième millénaire BC, à l’âge du bronze, avec une organisation politique autour de palais, comme à Knossos, à quelques kilomètres. Le site a été redécouvert au début du 20ème siècle par Evans, archéologue britannique qui a voulu reconstruire le palais d’après les éléments qu’il avait mais aussi selon ses propres conjectures. Le résultat fait un peu carton pâte pour péplum, on n’a pas vraiment l’habitude de cette vision interventionniste de l’archéologie.

Disque de Phaïstos, linéaire B, plus ancienne écriture sur le sol européen, pas encore déchiffrée à ce jour

On a ensuite fait la tournée des grands ducs de la côte Nord-ouest : les villes vénitiennes de Rethymno et Chania, le monastère d’Arkadie, la plage rose d’Elafonissi (qui ne nous a pas réellement parue rose) et le lagon de Balos ambiance Caraïbes. Le tout parsemé de petites balades au milieu des chèvres et des brebis.

Un des plus vieux arbres d’Europe, entre 3000 et 5000 ans

Puis nous avons traversé le centre de la Crète puisqu’on ne peut pas vraiment en faire le tour à cause du relief, en direction du Sud : Matala, petit port aux falaises remplies de grottes, qui a accueilli les beatneaks des 70’s sur la route de Katmandou ; les gorges d’Agios Fagaro dans lesquelles St Paul et les premiers chrétiens ont débarqué et qui a été habitée par des ermites pendant plusieurs siècles ; le site minoen de Phaistos, plus authentique que Knossos. On a beaucoup apprécié cette partie de la Crète, plus rurale.

Nous nous sommes enfin décalés un peu au Nord Est vers la petite ville d’Agios Nikolaos et le plateau du Lassithi. Ce dernier est un polje, une dépression karstique à fond plat, traditionnellement drainé par des petits moulins blancs qui aujourd’hui ne sont plus utilisés. On y a fait une belle rando sur un chemin minoen jusqu’à un sommet qui surplombe le plateau.

Après avoir agrémenté nos goûters d’oranges de petites bananes locales, on a repris le bateau à Heraklion pour une traversée un peu plus houleuse, jusqu’au Pirée. A nous deux – enfin 7- Athènes !

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4 réponses à Chez les crétois

  1. Valeria dit :

    Hello !
    Je viens de lire d’une seule traite toutes vos aventures depuis votre départ en ce début d’année 2024 !
    Quel plaisir !
    Merci, et belle route à tous les 6 !
    Valeria

  2. Denise et Didier dit :

    Bravo et merci pour nous permettre de continuer, en quelque sorte, notre voyage, même en virtuel c’est un vrai bonheur !

  3. Guillaume dit :

    Bonjour à vous ! Toujours content de lire de vos nouvelles ! Vous étiez là sur des terres qui me font rêver depuis si longtemps… Voici un petit passage de la Mythologie des arbres de Jacques Brosse, qui éclaire sur une facette cachée du mythe de Zeus (on nous a seulement dit qu’il avait été caché en Crête par sa mère à sa naissance, pour le protéger de son père Cronos qui mangeait ses enfants, par peur d’être détrôné un jour par l’un d’eux). “Sur l’Ida et le mont Dicté, les tombes de Zeus étaient l’objet d’une grande vénération. pour les crétois, Zeus naissait et mourrait chaque année, puisque c’était un dieu de la végétation, mais un dieu du chêne qui ne perd ses feuilles que très tard en hiver, parfois juste avant la renaissance printanière. […] Cette figure d’un dieu jeune et mortel, d’un dieu du chêne sacré, incorporée au prix de distorsions sensibles dans la mythologie olympienne des dieux immortels, est donc préhellenique.” etc… Bon voyage !!

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