Le Nord de la Grèce, d’ Athènes à la frontière albanaise

Ça y est, nous avons amorcé notre remontée jusqu’en Scandinavie ! Après le détour crétois, nous avons en effet traversé le Nord de la Grèce, d’Attique en Epire.

De notre petite cabine houleuse du Nissos Rodos, notre ferry, nous avons débarqué sur le continent sous un vrai déluge et pour éviter une journée maussade pluie, fatigue, lessive, courses, nous avons opté pour le hot spot de la région, dépaysement garanti : la garderie d’Ikea Pirée ! Sous prétexte d’acheter une ou deux assiettes, nous avons laissé sans vergogne ou presque la moitié des enfants dans une gigantesque piscine à boules pendant le temps maximal autorisé, avant de quitter les lieux en catimini pour nous occuper tranquillement de l’intendance avec la plus grande et la plus petite. Résultat : l’effritement manifeste de nos principes éducatifs et écologiques nous a permis de retrouver des enfants heureux et épuisés d’avoir découvert les merveilles de notre société de consommation tandis que Sarmaland est désormais l’endroit préféré d’Éléonore en Grèce. Le lendemain, nous lui avons néanmoins fait découvrir le second hot spot du coin : l’Acropole.

Comme à Rome et à Palerme, on a choisi de dormir dans un parking payant mais gardé, à proximité du métro, pour visiter Athènes. Après un mois de ruralité plus ou moins prononcée, on a eu un petit choc des cultures dans la capitale. On a pris des forces au havre pour bobos du musée de l’enfant – sorte de salle de motricité avec jeux éducatifs en bois géante – et sur la colline du Lycabette avec une vue imprenable sur la ville, avant de plonger dans le coeur touristique : les ruelles de Plaka, ambiance magnets Parthénon et retraités coréens en voyage organisé, puis l’Acropole. Chaque premier dimanche du mois, tous les sites et musées nationaux de Grèce (et d’Italie aussi) sont gratuits, ce qui est bienvenu quand on voyage longtemps mais qui majore quand même le nombre de visiteurs. Bon, il faut dire qu’on a quelque peu pris l’habitude d’être seuls dans les sites archéologiques, mais alors là on n’était psychologiquement pas prêts à faire face à la foule et surtout aux visites Insta/ Tik tok. Soit on est de vieux réacs qui s’ignorent, soit on a trop trainé dans la vallée de la Drôme ces dernières années, soit le monde est allé plus vite que notre conscience de la rupture anthropologique mais c’est tout un univers qui s’est ouvert à nous : robes de soirée, maquillage et poses de Shakira devant chaque colonne du Parthénon et aux pieds des pauvres cariatides qui font ploucs un peu coincées à côté, le tout pour être posté dans la seconde sur les stories de chacun. On s’est certes demandé si notre civilisation était vraiment obligée d’en arriver là mais une fois le petit effet de surprise digéré on a passé un moment très sympa à comparer les poses les plus incongrues, entre deux rappels historiques sur le siècle de Périclès au milieu de la foule of course, car on a profité de la visite de l’Acropole et de l’Agora pour faire le cours d’Histoire sixième sur les cités-Etats grecques et la naissance de la démocratie athénienne in situ – pratique. On a également visité le musée archéologique national, qui abrite notamment les trésors mycéniens. Le soir, les enfants ont furtivement joué avec d’autres enfants du parking mais les journées dans une grande ville sont toujours un peu fatigantes et les soirées un peu courtes à cette saison.

Masque d’Agamemnon, trésor de Mycènes

Nous avons ensuite pris la direction du golfe de Corinthe, laissant l’antique Thèbes derrière nous, jusqu’au monastère d’Hossios loukas, classé à l’UNESCO, fondé au 11ème siècle et qui a échappé de peu à l’un des incendies qui ont embrasé une partie de l’Attique cet été. Nous y étions en même temps que plusieurs groupes de lycéens français ce qui m’a rappelé le voyage que nous avions organisé avec mes collègues quand j’enseignais à Orléans. Nous sommes ensuite allés consulter l’oracle d’Apollon à Delphes, nombril du monde à flanc de colline et au pied du mont Parnasse. La Pythie avait déserté son poste, on n’a pas vraiment eu de réponse à nos questions donc mais on est repartis avec la fin de notre collection de cartes postales sur les dieux grecques, c’est déjà ça.

L’aurige de Delphes

Tous les voyageurs rencontrés nous en parlaient depuis un mois, nous avons donc fait le détour par Thermopyles, lieu d’une célèbre défaite grecque contre les Perses et d’une source chaude. Comme à Elea Beach à l’Ouest du Péloponnèse c’est un lieu de convergence de voyageurs. Le site est nettement moins beau, c’est une sorte de terrain vague un peu boueux, mais il est au bord d’une rivière à 37°C. Pour une fois, la famille au grand complet s’est donc baignée. Une fois les enfants couchés, la soirée papote sous les étoiles, dans un spa naturel, un verre à la main, avec des voyageurs suisses et belges qu’on avait déjà rencontrés était très sympa – il y a des moments du voyage plus difficiles que d’autres…

A 2h de route plus au Nord, après une immense plaine assez cultivée et urbanisée, on tombe littéralement sur les Météores. On comprend bien l’origine du toponyme quand on voit ces énormes rochers un peu biscornus – du pudding en géologie -, sortis de nulle part, comme tombés du ciel, coiffés de monastères qui semblent en lévitation. C’est vraiment saisissant, très touristique mais très beau. On en a visité deux, celui du Grand météore, le plus connu des six qui sont encore debout aujourd’hui et classés à l’UNESCO, et celui de Varlaam juste à côté. Au moment d’entrer dans l’enceinte du premier monastère, le gardien me fait remarquer que je ne suis pas en jupe. On se demande si c’est encore une histoire de posts sur les réseaux mais exit le satin ici, ce qu’il veut c’est une jupe couvrante. J’essaie de lui expliquer qu’avec mon pantalon de rando decathlon, mon bébé dans le dos, mes chaussures de garde-forestier et ma veste kangourou imperméable, je suis à peu près au degré zéro de la tenue sexy mais il ne veut rien entendre et me montre un carton de tissus. On se plie aux différences culturelles en voyage (même les rémanences patriarcales…), je capitule donc. Résultat, je me retrouve avec un paréo léopard rose fushia noué autour de la taille, allez comprendre… Pour l’expérience spirituelle dans un cadre propice à la sérénité et à l’intériorité, on repassera néanmoins parce qu’il y a beaucoup de monde, même en cette saison. Comme c’est en randonnant qu’on préfère découvrir des lieux, on a suivi un joli sentier qui serpente au milieu monastères, c’était une bonne manière de goûter un peu de l’atmosphère de ce lieu qui a aimanté des ermites pendant plusieurs siècles.

Enfin, aux confins de la Grèce, on a randonné jusqu’au gorges de Vikos, les plus hautes du monde proportionnellement à leur largeur. A la pause, les enfants se sont vus offrir le goûter par des randonneurs grecs, des sodas locaux, des gâteaux maison et même une banane pour Mahault. On est toujours émerveillés devant une générosité spontanée comme celle-là, offrir son en-cas à des étrangers, même s’ils n’en ont pas besoin, avec le sourire et des mots de bienvenue, c’est un petit exhausteur d’humanité quand même et c’était une belle coda pour notre mois et demi passé en Grèce.

C’est une nouvelle étape de notre voyage qui s’ouvre maintenant. L’atmosphère plus montagnarde du Nord de la Grèce nous prépare aux Balkans, à la promesse d’un dépaysement culturel peut-être encore plus prononcé. Nous avons été charmés par la Grèce, les paysages, la nourriture, l’accueil chaleureux, l’épaisseur historique, le soleil, la diversité, la facilité pour voyager. Nous laissons les alphas, deltas, omégas grecs pour les trémas albanais, en route pour les Balkans !

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5 réponses à Le Nord de la Grèce, d’ Athènes à la frontière albanaise

  1. Denise et Didier dit :

    Magnifiques photos ! Depuis notre petit coin de Loire nous savourons à nouveau les beautés grecques, grâce à vous. Déçus d’avoir loupé les Thermopyles 😫 Bonne continuation, les Balkans sont superbes aussi… Hâte de connaître vos impressions…

  2. Guillaume dit :

    Merci pour le partage ! Je regrette néanmoins l’absence de photo d’Amélie en paréo léopard rose.
    Bisous

  3. Saboul's family dit :

    Ben alors elles sont ou les poses insta/tiktoktiennes ? Et ton léopard ??? Ah ah j’ai bien rigolé ! Je vs imagine tellement au milieu de tous les touristes a casquette et appareil photo, tels des ovni au milieu de la masse!
    Hâte de lire les Balkans, je crois que ça va être ma partie pref ! Etienne tu ns prends des musique en vidéo ???
    Belle continuation a tous sur le chemin des rencontres et des cultures !!!

  4. Norbert et Claudine dit :

    Merci de nous faire partager vos aventures avec ces belles photos et la prose qui les accompagne avec un style digne des plus grands auteurs, très agréable à lire !!!

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