Serbie, des sapins et des drapeaux

Nous avons passé la frontière au Sud-Ouest du pays, en transition douce puisque l’on était dans la partie serbe de Bosnie-Herzégovine, celle que le gouvernement serbe rêve de réintégrer à la mère patrie. Nous avons fait un arrêt rapide dans le village d’Emir Kusturica, une sorte d’eldorado serbe construit pour le film La vie est un miracle. Le réalisateur est une figure ambivalente ici, détesté par les Bosniaques et adulé par les Serbes, chat noir chat blanc en somme. Il fait en effet partie du gouvernement nationaliste et révisionniste de Bosnie-Herzégovine et a financé la construction d’un complexe à la gloire de la nation serbe à Visegrad, second lieu du génocide bosniaque, à la place d’un quartier musulman. Certains de ses films ont été accusés d’être pro-serbes durant la guerre.

Il fait chaud. Les paysages semblent familiers, on se croirait un peu en Haute-Loire ou dans le Limousin. Nos chaussures de rando frétillent et nous décidons d’aller à Zlatibor, censé être un village de montagne. En réalité, c’est plutôt une station de moyenne montagne qui a poussé comme un champignon au milieu des pins. L’ambiance est assez étonnante mais il fait plus frais et les balades sont agréables tout autour de la petite ville.

Nous remontons ensuite vers le Nord. Premier arrêt à Arandjelovac pour rencontrer Milena et Lionel. Peu avant le départ, nous avons acheté des couettes en laine naturelle à une petite entreprise france-serbe. Quand nous lui avions dit que nous allions voyager en Serbie, le gérant nous avait tout de suite proposé de passer. Et nous voilà dans les locaux de Biodom à la tombée du jour. Lionel et Milena nous font visiter leur entreprise qui fabrique couettes, oreillers, couvertures mais aussi chaussettes et vêtements techniques, tout cela en laine serbe et en coton bio. Ils nous invitent ensuite spontanément au restaurant. Nous passons une bonne soirée à goûter des plats délicieux – viandes et légumes grillés, spécialités serbes – et nous repartons les bras chargés de cadeaux, des chaussettes pour étoffer notre stock, des vêtements en laine parfaits pour la Scandinavie, etc. Décidément, l’hospitalité serbe n’est pas un mythe.

Deuxième arrêt : Belgrade. C’est une capitale dynamique, très occidentale que nous visitons, la première du genre depuis Athènes, beaucoup plus riche et vaste que Skopje ou Pristina. On y fête l’anniversaire de Célestin, 9 bougies !

Troisième arrêt : Novi Sad. Nous découvrons cette belle ville aux influences hongroises, au beau milieu de l’immense plaine de Voïvodine, après avoir fait une balade dans le parc de Fruska Gora, à l’ouest.

On sent très clairement l’influence russe dans le pays, on croise de nombreux drapeaux et même des tasses à l’effigie de Poutine sur des échoppes de souvenirs, impensable ailleurs. Les drapeaux serbes fleurissent absolument partout. Le président et son équipe sont en photo sur d’immenses panneaux publicitaires au bord des routes. Le pays apparaît clairement plus riche que ses voisins, ce qui nous fait la transition vers l’UE.

Après cette petite semaine passée sur le sol serbe, nous passons la frontière, au milieu des champs de colza, de l’horizontal tout autour. Nous attendons 2h au check-point, entourés par des camionneurs roumains et des familles germano-turques. C’est une porte d’entrée majeure de l’UE et il faut montrer patte blanche pour passer la forteresse.

Notre mois dans les Balkans s’achève. Nous avons aimé la diversité de tous ces pays, leur patrimoine culturel, et surtout les rencontres chaleureuses que nous y avons faites. On espère que cette région pourra un jour entrer dans une ère plus pacifiée, pour l’instant, ce n’est pas vraiment gagné.

Nous ouvrons un autre chapitre du voyage, la traversée de l’Europe centrale, en suivant l’étoile polaire.